Maguette SALL GUEYE
Technicienne de Surface
Technicienne de Surface
La malnutrition par carence globale et en micronutriments constitue un fardeau mondial et l’Afrique continue de porter la plus lourde charge : 40% des enfants Africains de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance et près du tiers est émaciés. Afin de contribuer aux preuves scientifiques sur la malnutrition par carence, le LARNAH, a depuis sa création, mis la recherche sur cet axe au cœur de ses préoccupations. C’est ainsi que plus de 60 mémoires de DEA/Master et une quinzaine de thèses de Doctorat ont été produits par le LARNAH. Ces travaux ont permis de disposer de données probantes et fiables sur la malnutrition par carence (retard de croissance, émaciation, anémie, carences en fer, folates, vitamine A, fer, zinc, etc.), ses déterminants et sur ses conséquences chez les enfants, les femmes, les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies chroniques au Sénégal et dans la sous-région Ouest africaine. Le LARNAH s’est également orienté vers la recherche sur la prise en charge des carences nutritionnelles les plus répandues prévalentes. Dans cette perspective, les ces travaux ont permis de tester l’efficacité de plusieurs traitements (suppléments, fortifiants, aliments thérapeutiques) dans la prise en charge de la malnutrition. Cette expertise a contribué à la conception de protocoles de prise en charge de la malnutrition au Sénégal. Il est aussi à noter que la recherche au laboratoire est basée sur l’utilisation de techniques de pointe reconnues et recommandées (techniques de dilution isotopique par exemple) et sur des schémas d’étude adéquats qui assurent une validité scientifique avérée des résultats obtenus.
L’obésité et le surpoids gagnent du terrain à travers le monde. Même si la prévalence du surpoids demeure faible en Afrique, à l’exception des pays d’Afrique du Nord et de l’Afrique du Sud, celle-ci est passé de 6,67% à 9,710% entre 2000 et 2017 chez . Cette situation mérite une attention particulière ; c’est pourquoi le LARNAH s’est intéressé à la malnutrition par excès et aux facteurs associés (comportements alimentaires, dépense énergétique et activité physique, maladies chroniques liées à l’alimentation, etc.) au Sénégal et dans plusieurs pays africains. Les principales cibles sont les enfants d’âge scolaire, les adolescentes, les adultes et les personnes du troisième âge. Les travaux du LARNAH ont également permis de valider des techniques alternatives de mesure de l’obésité infantile par rapport à la technique de référence basée sur la dilution isotopique au deutérium et d’adapter les seuils de l’OMS aux populations africaines.
Le LARNAH utilise depuis une trentaine d’années des techniques de référence telles que la dilution isotopique pour évaluer la production lactée, composition corporelle, dépense énergétique totale et le statut en micronutriments. Cela a permis des études d’impact de programmes de santé publique et de nutrition (biodisponibilité en fer, agriculture sensible à la nutrition, allaitement maternel, éducation nutritionnelle, supplémentation en vitamine A). Toutefois, ces techniques sont coûteuses en équipement et en consommables et sont difficiles à mettre en œuvre pour des travaux de routine. C’est pour cela que le LARNAH s’est également engagé à mener des recherches sur des méthodes alternatives valides, moins coûteuses et adaptées aux populations africaines. Ainsi, plusieurs travaux de comparaison et de validation d’indicateurs alternatifs ont été réalisés, aussi bien chez les femmes que chez les enfants.
Une prise en charge nutritionnelle est indispensable chez les Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH) La prise en charge nutritionnelle des Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH), particulièrement en Afrique où la malnutrition constitue la deuxième complication de l’infection par le VIH. Cependant très peu d’études ont eu à évaluer l’impact des interventions nutritionnelles chez ces patients. Fort de ce constat, le LARNAH s’est intéressé à la prise en charge nutritionnelle avec un aliment thérapeutique prêt à l’emploi, enrichi en vitamines et en minéraux et à l’évaluation de son impact sur la composition corporelle et le statut en micronutriments (vitamine A, fer, zinc et sélénium).
La promotion d’une alimentation qui favorise l’utilisation adéquate des produits locaux pour la santé humaine est au cœur de la recherche au LARNAH qui est précurseurs au Sénégal dans la recherche sur le Moringa oleifera (biodisponibilité du fer, effet de l’enrichissement plats traditionnels sénégalais, l’impact de la consommation quotidienne sur le statut en fer et en vitamine A des femmes). Le LARNAH s’intéresse à la recherche sur les aliments les plus consommés au Sénégal notamment le riz et les aliments fonctionnels (fonio, gombo, noix de cajou, spiruline, patate douce à chair orangée) de même qu’à celle sur les inhibiteurs de l’absorption de certains nutriments (polyphénols et phytates par exemple) présents dans l’alimentation locale. L’utilisation de l’arachide dans la formulation des aliments thérapeutiques pour la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère (MAS) a été testée pour la première fois au LARNAH. Le Laboratoire travaille aussi sur la consommation alimentaire, la couverture des besoins nutritionnels des femmes et des enfants et l’utilisation de la modélisation pour optimiser la couverture de ces besoins.
Des stratégies durables d’amélioration de l’état nutritionnel, adaptées aux habitudes alimentaires africaines doivent être conçues et testées. Dans cette perspective, le LARNAH a, depuis quelques années, introduit la recherche sur l’impact des systèmes alimentaires et l’agriculture sensible à la nutrition sur la prévention de la malnutrition sous toutes ses formes. Il s’agit, d’une part, d’améliorer la disponibilité, l’accessibilité et la consommation d’aliments à haute valeur nutritionnelle et d’autre part de promouvoir des aliments biofortifiés (PDCO, mil et niébés fortifiés en fer et zinc).
Par ailleurs, il existe un gap énorme à combler en termes de données probantes pour définir des politiques cohérentes permettant de mieux comprendre les systèmes alimentaires, ainsi que leurs impacts sur la nutrition et la santé des populations au Sénégal et en Afrique. Fort de ce constat, le LARNAH s’intéresse à la capacité des politiques publiques à contribuer à des modes alimentaires sains susceptibles de prévenir le triple fardeau de la malnutrition et les maladies non transmissibles liées à l’alimentation. Pour optimiser cet impact, le LARNAH a construit un réseau de partenariat multisectoriel car ayant compris que la lutte contre la malnutrition est l’affaire de plusieurs acteurs dans divers secteurs (agriculture, élevage, pêche, industrie, santé, éducation, artisanat, sociologie, technologie alimentaire, etc.).